LE MANOIR DE LA COMTE
Par Jean Barros, historien
Ce manoir (propriété privée) est situé au bord de la route D903 à 350 mètres de Lanquetot. L’aveu rendu au roi, le 20 juillet 1684, par Jean-Jacques Pigache, écuyer, sieur de Lamberville et seigneur de La Comté, mentionne un «Manoir seigneurial composé d’un grand enclost de maisons à hautes et basses court, fermez et entourez de murailles, le tout couvert d’ardoises, une douve à costé vers le midy, le jardin potager et fruitier y joignant sur lequel jardin est assis un collombier vollant, le tout se contenant trois vergez de terre ».
C’est encore à peu près ainsi que se présente le manoir de La Comté. Le logis seigneurial occupe un angle auprès de la route, les bâtiments des communs sont en équerre. A la face postérieure du logis, côté route, est accoté une tourelle, couverte en poivrière, contenant un escalier en vis desservant l’étage et les combles; des meurtrières pour armes à feu permettant d’assurer la défense.L’accès à l’escalier en vis se fait par une porte à linteau en accolade surmonté de 3 écus sans armoiries. La façade sur cour du logis a été remaniée aux époques modernes.
Le bâtiment en équerre abritait les communs. La partie parallèle à la route abritait successivement des étables, un cellier, une habitation et un pressoir, une charterie ouvrant sur la cour par 2 arcades (disparues) et vers l’extérieur du manoir par une grande porte charretière en arc plein cintre qui existe encore. L’arc, à double rangée de claveaux, est surmonté, côté extérieur, par les armoiries de la famille Pigache: l’écu » d’argent à trois cors ou olifants de gueules « est supporté par deux lions affrontés et surmonté d’un casque de chevalier. L’angle du bâtiment est flanqué par une grosse tourelle très saillante qui permet de défendre l’accès à la porte charretière et de battre les approches des façades extérieur du bâtiment des communs. Côté cour, la façade, s’ouvre par des portes en arc plein cintre à double rangée de claveaux alternant des tons clairs et foncés, des demi-fenêtres et petits jours à montants et linteaux chanfreinés. Le colombier, qui figure sur le plan cadastral de 1826, a disparu depuis.
Ce manoir, dont la construction peut être datée du XVIème siècle, a remplacé un édifice plus ancien.
Le plus ancien possesseur de La Comté que nous connaissions est Jacques Le Cousin qui en rendit aveu au roi le 30 juin 1519. Vers 1667-1570, Guillaume Le Cousin céda La Comté par contrat d’échange à«noble et scientifique personne, maistre Nicolas de Briroy, curé de Fierville, chanoyne et grand vicaire de monsieur l’évesque de Coustances ». Le futur évêque de Coutances délaissa le fief de La Comté à son frère Guillaume, sieur de Roncey. Nicolas et Guillaume étaient frères de Jean de Briroy (1570-1598) seigneur de Fierville. C’est très probablement Guillaume de Briroy qui est le constructeur du manoir de La Comté que nous connaissons aujourd’hui.
Jean-Jacques Pigache, écuyer, sieur de Lamberville et de Malassis Le Vrétot) devint seigneur de La Comté par échange de son fief de Lamberville avec Gilles Guéroult, écuyer, sieur de Bellez ou Bellée (à Créances) qui était devenu propriétaire par décret sur Nicolas de Briroy, sieur de La Comté, petit-fils de Guillaume de Briroy et de Marie Poërier. A la veille de la Révolution, La Comté appartenait à Anne Pigache, marquise de Réville, veuve d’Hervé Fouquet de Réville.